Monday, November 29, 2004

(PRECEPTES ET GENIE)

(...) En poésie, les nouvelles "écoles" émancipées -- je ne parle pas ici des transcendantalistes, ces pures nullités occupées à s'épuiser d'elles-mêmes, mais de celles qui se réclament de Tennyson ou de Barrett -- ont, dans leurs précipitations intellectuelles calquées sur l'esprit du temps, cru bon de repousser, de bannir tout ce qui paraissait rappeler, de près ou de loin, le conservatisme ambiant d'il y a cinquante ans. Du coup, toutes les conventions, y compris les ornements de composition les plus légitimes, sont, per se, regardées d'un oeil invariablement soupçonneux. Si je précise "per se", c'est parce que, les retrouvant depuis si longtemps associées à l'idéologie conservatrice, on en est finalement arrivé à les détester non seulement comme pures manifestations extérieures et tangibles de ce conservatisme, mais aussi comme des choses mauvaises en soi.
Il est évident que ces finesses, ces recherches, ces élégances de style et d'allure générale qui, au temps de Pope, étaient tenues comme l'aspect fondamental et les nécessaires preuves du génie, sont maintenant estimées tout à l'inverse. Combien peu de gens consentent à admettre la possibilité de réconcilier le génie et la dextérité dans le maniement de l'art!
Et pourtant cette réconciliation est non seulement possible, mais absolument indispensable. C'est un simple préjugé qui jusqu'ici a empêché leur union, en insistant laborieusement sur une antinomie naturelle qui, bien loin qu'on la constate, contredit toutes les analogies qu'offre la nature. Les plus parfaits poèmes ne seront pas écrits tant que ce préjugé n'aura pas été ruiné. (...)
Je n'ai pour ma part jamais remis en question la parfaite concordance, l'évidente connivence qui existent entre le génie le plus haut et l'art le plus accompli. (...)


(Extraits de l'article de critique littéraire "Oeuvres Poétiques Complètes de WILLIAM CULLEN BRYANT -- Edition Illustrée" -- avril 1846.
Reproduit dans l'édition posthume de 1850.
Traduction partielle de Ch. Bellanger -- 1945.)

Sunday, November 28, 2004

(VILE CALOMNIE)

Philadelphie, le 1° avril 1841.

Mon cher Snodgrass --

Vous avez dû penser, je le crains, que je n'avais pas l'intention de répondre à votre gentille lettre. Or, voilà que je vous en écris une à la date du jour de toutes les farces, alors que la vôtre remonte au 8 mars. Mais croyez-moi, même si de bonnes raisons expliquent le retard de ce courrier, il n'y avait pas le moindre risque d'un quelconque oubli de ma part. (...)
Vous êtes médecin, et je présume qu'aucun médecin ne peut avoir de peine à reconnaître un ivrogne du premier coup d'oeil. Vous êtes de plus un homme de lettres, bien au courant des questions morales. On ne vous induira jamais à croire que je pourrais écrire ce que j'écris chaque jour, comme je l'écris, si j'étais tel que ce malhonnête homme voudrait le faire croire à ceux qui me connaissent. Bref, je vous donne devant Dieu ma parole d'honneur que je suis sobre jusqu'à l'austérité. Dès l'heure où j'ai vu pour la première fois ce plus vil des calomniateurs jusqu'à l'heure où j'ai quitté son bureau avec un invincible dégoût pour son esprit de chicane, son arrogance, son ignorance et sa brutalité, rien de plus fort que l'eau n'a jamais passé mes lèvres.
Je dois cependant à la vérité de dire sur quelle base il a édifié ses calomnies. En aucune période de ma vie, je n'ai été ce qu'on appelle intempérant. Je n'ai jamais eu les habitudes de l'ivresse. Je n'ai jamais bu de petits verres, etc... Mais, pendant une courte période, alors que je résidais à Richmond et que je rédigeais le Messenger, je cédais, il est vrai, à de longs intervalles, aux tentations que m'offraient de toutes parts les moeurs sociables du Midi. Mon tempérament sensible n'était pas à même de supporter des excitants dont usaient chaque jour mes compagnons. Bref, il m'arriva parfois d'être tout à fait enivré. Pendant quelques jours, après chaque excès, je devais invariablement garder le lit. Mais il y a maintenant quatre ans que j'ai renoncé à toute sorte de boisson alcoolique, quatre ans sauf une seule exception qui eut lieu peu de temps après ma séparation avec Burton, alors que je me trouvai parfois amené à faire usage de cidre dans le but de soulager une attaque nerveuse.
Vous voyez ainsi toute l'étendue de ma faute franchement avouée. Vous voyez aussi la noirceur d'un coeur qui veut ranimer une diffamation de cette nature. Vous ne pouvez manquer de voir encore à quoi doit être réduite la mauvaise foi de ce diffamateur, puisqu'il ne peut rien trouver de mieux contre moi qu'une accusation que peut contredire chacune des personnes avec qui j'ai des relations journalières. Je ne puis que vous renouveler mon assurance solennelle que mes habitudes sont aussi différentes de l'intempérance que le jour et la nuit. Mon unique boisson est l'eau. (...)

Cordialement vôtre,

Edgar A. Poe


(Extrait d'une longue lettre de Poe à son ami de Baltimore, le Dr J. E. Snodgrass, éditeur et propriétaire de l'éphémère "American Museum" qui, en septembre 1838, avait accueilli dans ses pages le célèbre conte "Ligéia".
Le "malhonnête homme", "le plus vil des calomniateurs", etc..., est bien W. E. Burton, le tyrannique propriétaire d'un magazine littéraire, qui, en 1838-39, employa Poe durant près d'un an comme simple rédacteur. Les relations qu'entretinrent ces deux hommes de tempéraments si opposés furent des plus orageuses...
Traduction d'E. Lauvrière -- 1904.)

Friday, November 19, 2004

(PENIBLE AVEU)

(...) Mais pour en revenir aux attaques de M. English, (...) ce qui n'est pas faux, dans le flot des calomnies proférées par cet individu, il n'est pas dans ma nature de vouloir le brûler avec le reste, sous prétexte que la bouche immonde de laquelle cela a suinté n'a que le mensonge comme langage usuel. Les erreurs et les faiblesses que je déplore, on ne peut, du moins, dire que j'ai été assez lâche pour les nier. Je n'ai jamais tenté d'atténuer une faiblesse qui est (ou plutôt, Dieu merci, qui fut) une calamité, quoique ceux qui ne me connaissaient pas intimement eussent peu de raisons pour la considérer comme autre choses qu'un crime. Car, si mon orgueil, ou celui de ma famille, me l'eussent permis, il y avait beaucoup, il y avait tout à dire pour atténuer ma culpabilité. Peut-être même fut-il un temps ou j'aurais eu le droit de dire (qu'avec le témoignage du Dr Francis et d'autres autorités médicales, j'aurais pu démontrer, pour peu que le public se souciât de la démonstration) que les irrégularités si profondément déplorées étaient l'effet d'un mal terrible plutôt que sa cause. Et aujourd'hui je puis, délivré du fléau physique, rendre grâce à Dieu de m'être à jamais débarrassé du fléau moral.(...)


(Extrait de l'article polémique "Réponse de M. Poe à M. English et à d'autres" -- 10 Juillet 1846.
Traduction d'E. Lauvrière -- 1904.
Le 4 janvier 1848, dans une longue lettre à son jeune correspondant G. W. Eveleth, Poe précisait cet aveu public en termes poignants :
"/.../Vous dites, 'Pouvez-vous me laisser entrevoir quel était le terrible mal qui causa les irrégularités si profondément regrettées.' Oui, je peux faire plus que vous les laisser entrevoir. Ce mal était le plus grand qui puisse accabler un homme. Il y a six ans, ma femme, que j'aimais comme nul homme n'aima jamais, se rompit un vaisseau en chantant. On désespérait de sa vie. Je lui dis adieu pour toujours, et subis toutes les agonies de sa mort. Elle se rétablit partiellement, et de nouveau j'espérai. Au bout d'une année, le vaisseau se rompit de nouveau. Je passai exactement par les mêmes scènes... Puis de nouveau -- de nouveau -- et, une fois encore, de nouveau, à divers intervalles. Chaque fois, je sentis toutes les agonies de sa mort -- et à chaque rechute, je l'aimais plus chèrement et me cramponnais à sa vie avec une plus désespérée opiniâtreté. Mais je suis constitutionnellement sensitif -- nerveux à un degré très inhabituel. Je devins fou, avec de longues périodes d'horrible lucidité. Durant ces moments d'inconscience absolue, je bus -- Dieu seul sait si ce fut souvent et beaucoup. Comme il fallait s'y attendre, mes ennemis attribuèrent la démence à l'ivresse plutôt que l'ivresse à la démence. J'avais, en vérité, presque abandonné tout espoir d'une guérison définitive, quand je trouvai cette guérison dans la mort de ma femme. Cela je pouvais le supporter et le supportai comme un homme doit faire. C'est l'horrible oscillation sans fin entre l'espoir et le désespoir que je n'aurais pas pu supporter plus longtemps, sans perdre totalement la raison. En la mort de celle qui était ma vie, ainsi, je trouvai une nouvelle, mais -- oh! Dieu! -- combien mélancolique existence. /.../"
Traduction de F. Fénéon --1895.
En 1919, A. Fontainas reprocha fort justement à Lauvrière de n'avoir pas versé cette pièce essentielle au dossier, alors que bien disponible, depuis 1880, dans la biographie de Poe par J. H. Ingram.)

Sunday, November 14, 2004

(NECESSAIRE MISE AU POINT)

MON CHER WILLIS : -- Le paragraphe qu'on a fait circuler au sujet de la maladie de ma femme, de la mienne, de ma pauvreté, etc... est en ce moment sous mes yeux, en même temps que les beaux vers de Mrs Locke et ceux de Mrs ---- que le paragraphe a inspirés, aussi bien que vos commentaires bienveillants et virils dans le "HOME JOURNAL".
Je laisse le motif du paragraphe à la conscience de celui ou de celle qui l'a rédigé ou suggéré. Puisque la chose est faite et que la situation de ma famille est ainsi impitoyablement exposée au public, je ne vois pas de moyen d'échapper à la déclaration de ce qu'il y a de vrai et de ce qu'il y a d'erroné en cette information.
Que ma femme soit malade, c'est vrai; et vous pouvez vous imaginer avec quels sentiments j'ajoute que cette maladie, désespérée dès le début, s'est trouvée accrue et hâtée par l'envoi à deux époques différentes de lettres anonymes dont l'une contenait le paragraphe en question et l'autre ces calomnies publiées par MM. ---- pour lesquelles j'espère bientôt obtenir réparation par la loi.
Quant aux faits que j'ai été moi-même longtemps et dangereusement malade, et que ma maladie a été une chose bien connue de mes confrères de la presse, il n'en est pas de meilleure preuve que les innombrables entrefilets d'injures personnelles ou autres dont j'ai été récemment l'objet. Il est vrai que le remède à ce mal se trouvera tout seul. Au premier signe de ma nouvelle prospérité, ces messieurs qui m'ont flagorné naguère se raviseront et me flagorneront de nouveau. Vous qui me connaissez, vous comprendrez que je ne voie en ces choses qu'un moyen d'alléger, à certains égards, la mélancolie du malheur en y mêlant un doux et satisfaisant sentiment de pitié, de gaieté et de mépris.
Que, par une suite inévitable de cette longue maladie, j'ai eu besoin d'argent, ce serait folie de vouloir le nier; mais que j'aie jamais souffert de privations matérielles au delà de mon aptitude à souffrir n'est pas absolument vrai. Que je sois sans amis, est une grossière calomnie, que vous-même, j'en suis sûr, n'avez jamais pu croire, et que mille nobles coeurs ne me pardonneraient jamais, à bon droit, de laisser passer sans remarques ni dénégation. En cette cité même de New-York, je n'aurais pas de peine à nommer cent personnes à chacune desquelles, si l'heure en était venue, j'aurais pu m'adresser, avec une confiance absolue et sans le moindre sentiment d'humiliation.
Je ne crois pas, mon cher Willis, qu'il soit nécessaire que j'en dise davantage. Je vais mieux, et je puis ajouter, si cela peut faire plaisir à mes ennemis, que je crains peu d'expirer. La vérité, c'est que j'ai fort à faire, et que je suis bien décidé à ne pas mourir avant que tout ne soit fait.
Sincèrement vôtre

Edgar A. Poe

30 Décembre 1846.


(Lettre de Poe adressée à son fidèle ami le journaliste et écrivain N. P. Willis qui s'était assez maladroitement fait le relais des divers appels, par voie de presse, à la charité publique en faveur du malheureux couple malade et démuni, en ce début d'hiver 1846.
Willis publiera cette lettre dans son "Home Journal" le 9 janvier 1847. Virginia, l'épouse de Poe, devait mourir trois semaines plus tard...
Traduction d'E. Lauvrière -- 1904.)

Wednesday, November 10, 2004

(ENCART PROMOTIONNEL)

(...)
"Contes", par Edgar A. Poe -- soit, le n° 2 de la "Bibliothèque d'Ouvrages Américains" publiée par Messieurs Wiley & Putnam.
M. Poe n'aurait jamais dû accepter une sélection aussi restrictive -- à moins, bien sûr, qu'il n'ait décidé de la prolonger par une série de volumes similaires. Nous croyons savoir qu'il a publié au minimum soixante-quinze ou quatre-vingts contes (de la longueur de ce qui paraît habituellement dans les Magazines); et son objectif a toujours été, clairement, la diversité de ton et de sujet, privilégiant par dessus tout la variété dans l'invention. Mais il est évident que cette particularité disparaît complètement dans un choix ne retenant que douze contes sur quatre-vingt. Sans compter que la plupart des morceaux présentés dans ce volume relèvent tous d'une seule veine -- la veine analytique. De ses contes (sérieux) d'imagination pure, une classe précise peut s'estimer être représentée par "La Maison Usher", mais de ses nombreuses extravagances et autres créations proprement atypiques (les plus caractéristiques de ses compositions)... pas la moindre trace! Nous aurions aimé y voir inclus "Le Coeur Révélateur", "Les Lunettes", et "Le Mille Deuxième Conte de Schéhérazade". A vrai dire, le premier cité n'est que l'original du "Chat Noir" où, somme toute, M. Poe n'a fait que se recopier lui-même. Quoi qu'il en soit, le volume ravira tous les genres de lecteurs, et spécialement ceux qui possèdent à un degré élevé la faculté de causalité. A tous égards, ces contes, aucun autre écrivain ne peut les égaler.
(...)


(Extrait du feuilleton "Notre Armoire à Livres" -- septembre 1845.
Le mois suivant, Poe donnera un commentaire beaucoup plus étoffé de ce recueil qui allait bientôt lui valoir les acclamations durables du public... européen!
Non repris dans l'édition posthume de 1850.)

Friday, November 05, 2004

(CLAIRVOYANCE A LA DUPIN)

(...) La suite de l'histoire fera voir que Barnabé, le simple d'esprit, n'est autre que le propre fils du meurtrier. (...) Cela peut ne pas paraître évident pour nos lecteurs, mais voici notre explication. La victime est M. Reuben Haredale. Il a été trouvé assassiné dans sa chambre à coucher. Son intendant (M. Rudge père) et son jardinier (dont le nom n'est pas donné) ont disparu. Au début tous deux sont suspectés du crime. "Quelques mois plus tard", écrit l'auteur, "le corps de l'intendant, à peine identifiable n'eussent été ses vêtements, la montre et l'anneau qu'il portait, fut découvert au fond d'une pièce d'eau du domaine, avec une blessure béante à la poitrine : il avait été frappé d'un coup de couteau. Il était à moitié vêtu, et tout le monde s'accorda à dire qu'il était en train de lire dans sa chambre, qu'on trouva pleine de traces de sang, quand on était tombé soudainement sur lui pour le tuer avant son maître." Observons maintenant que ce n'est pas l'auteur lui-même qui nous assure que le corps de l'intendant a été trouvé. Il a mis ces mots dans la bouche d'un des personnages. Son dessein est de révéler, au dénouement, que l'intendant, Rudge, tua d'abord le jardinier, puis se rendit à la chambre de son maître, le tua également, fut surpris par Mme Rudge, qu'il empoigna et maintint par le poignet pour l'empêcher de donner l'alarme -- et qu'ensuite, après s'être emparé de son butin, il retourna dans la chambre du jardinier, changea de vêtements avec sa victime, mit sur le cadavre sa propre montre et son anneau et cacha le corps là où il ne fut découvert que lorsque le temps écoulé ne permit plus d'identifier les traits. (...)


(Extrait du compte-rendu critique, de mai 1841, des onze premiers chapitres du roman-feuilleton de Ch. Dickens, "Barnabé Rudge", alors en cours de publication périodique.
Près d'un an plus tard, le dénouement de l'intrigue de ce roman à épisodes et rebondissements multiples allait confirmer la fine prédiction de Poe.
Et Dickens, quand il eut connaissance de cette stupéfiante anticipation, se serait exclamé : "...cet homme doit être le diable!"
En février 1842, dans son compte-rendu définitif de l'ouvrage enfin achevé, Poe répétera, non sans fierté, ce passage mot pour mot, en l'assortissant de ce commentaire malicieux :
/.../ Les différences entre nos propres conjectures -- que nous venons de rappeler -- et certains faits que l'histoire a révélés à la fin sont plutôt insignifiantes. Rudge avait tué son maître d'abord, et le jardinier ensuite; et c'était sa femme qui l'avait saisi au poignet, et non lui qui avait maintenu sa femme. Mais cette version-ci a tellement l'air d'une erreur de M. Dickens que nous pouvons à peine dire que la nôtre fût fautive. L'étreinte de la main sanglante d'un meurtrier sur le poignet d'une femme enceinte était plus vraisemblablement en mesure de produire l'effet décrit -- comme chacun en conviendra -- que l'étreinte de la main de la femme sur le poignet du meurtrier. Nous pouvons dès lors dire de notre supposition /.../ que si nous n'avons pas exactement prophétisé, cependant notre prophétie aurait dû être exacte. /.../
C'est bien la version de 1842 que reproduit l'édition posthume de 1850.
Traduction de "Denis Marion" -- 1952.)

Wednesday, November 03, 2004

(SITUATION DE L'ARTISTE)

(...) Quand donc viendra le jour où l'artiste occupera la place qui lui revient au sein de la société -- au sein d'une société pensante? Combien de temps restera-t-il encore esclave? Combien de temps l'intellect succombera-t-il encore au matérialisme le plus grossier? Combien de temps encore la pire vermine d'ici-bas, celle qui rampe au pied de l'autel voué à Mammon, sera-t-elle plus honorée du public que ces personnes, ces fervents ministres tout habités d'émotions exaltées, qui savent nous confronter aux mystères d'En Haut? Pour y avoir personnellement réfléchi, nous nous risquons à cette réponse: plus pour longtemps! Une telle injustice n'en a plus pour longtemps à se commettre ou à être tolérée. Un esprit, à l'étranger, lui mène déjà une guerre ouverte. Et en chaque lame de cette constante marée de Changement -- en chaque souffle, si léger soit-il, de ce plein vent de Révolution, qui sont à nous encercler, cet esprit est là qui oeuvre résolument, irrésistiblement. (...)


(Autre extrait du compte-rendu critique de "Conti l'Econduit; et autres Contes & Fantaisies..." de Henry F. Chorley -- février 1836.
Non reproduit dans l'édition posthume de 1850.)

Monday, November 01, 2004

(BIZARRERIE GERMANIQUE)

(...) un genre d'ouvrages tout particulier qui exerce depuis longtemps une très forte influence aussi bien sur le caractère et les moeurs que sur la littérature des Allemands. Nous voulons parler des Romans d'Artiste -- les Künst/ler/romannen -- ces livres écrits non point tant pour la défense directe ou l'illustration que pour la présentation concrète d'une catégorie distincte des Beaux-Arts -- des livres qui, sous l'apparence du Romanesque, ne poursuivent qu'un seul but : celui d'amener par la raison le lecteur à l'admiration et à l'étude du Beau, avec le concours étudié d'une fiction bizarre, moitié allégorie, moitié métaphysique. Seule l'Allemagne pouvait donner naissance à un concept aussi fou... ou peut-être aussi profond. (...)


(Extrait du compte-rendu critique de "Conti l'Econduit; et autres Contes & Fantaisies..." de Henry F. Chorley -- février 1836.
Non reproduit dans l'édition posthume de 1850.)