Friday, April 08, 2005

(EXALTATION)

"... Vous me rappelez une cathédrale, dont le porche sans prétention ne donne pas la moindre idée des rares révélations qui attendent à l'intérieur, qui nous mène à des merveilles jusqu'alors insoupçonnées. Une fois dedans, on est accablé par le grandiose, par la beauté, par la majesté, par le mystère qui nous entourent: hautes ogives magnifiques, sombres bas-côtés profonds, groupes de piliers, étonnantes voûtes qui s'élèvent à perte de vue, splendides tableaux faits de main de maître, lueurs iridescentes qui des vitraux se déversent sur tout atténuées, silence, paix religieuse qui règne partout; tout conspire à exalter et à tenir en émoi l'être imprudent qui étourdiment pénètre en ce sanctuaire de l'âme...."


(Extrait d'un billet amoureux adressé fin 1845 à la poétesse newyorkaise Frances S. Osgood. Révélé en 1927, le document manque pour en garantir l'authenticité.
E. Lauvrière en a donné cette traduction en 1934.)

(NEPENTHES...)

"Le véritable martyre qu'a dû subir mon âme ces derniers temps l'a comme passée au feu. Désormais je suis fort. Ils le verront, ceux qui m'aiment, -- aussi bien que ceux qui ont travaillé à ma ruine avec une ardeur si infatigable. . . . Je ne trouve absolument aucun plaisir en ces stimulants auxquels je me livre parfois si furieusement. Ce n'a pas été pour l'amour du plaisir que j'ai ainsi exposé ma vie, ma réputation et ma raison. C'était dans une tentative désespérée d'échapper aux tortures de certains souvenirs -- souvenirs d'insultes, d'injustices, d'accusations ignominieuses, -- d'échapper à un sentiment d'insupportable abandon et à une peur panique de quelque étrange désastre imminent."


(Extraits d'une confidence écrite, datant de 1848, telle que rapportée par la poétesse S. H. Whitman dans son petit livre vengeur "Edgar Poe et ses Critiques" -- 1860.
Traduction partielle d'E. Lauvrière -- 1904.)